Depuis des millénaires, nous vivons avec les vaches d’innombrables récits symboliques et sacrés, elles nous ont fait progresser dans nos conduites humaines. Mais aujourd’hui les éleveurs sont devenus des producteurs. Cependant élever et produire, ce n’est pas nécessairement la même chose. Quand la production devient industrielle, l’animal est distancé. La vache change de statut pour devenir un “minerai” et la logique ultra-productiviste de l’industrie agroalimentaire tend à devenir la norme dans certains endroits du monde. N’est-il pas urgent de réinventer notre rapport à la communauté des animaux ? De s’interroger sur ce que produire veut dire ?
Loin des films alarmistes qui nous assènent régulièrement que le monde va mal en versant dans la caricature, De chair et de lait nous invite, sans commentaire, sans jugement, à passer du temps avec les hommes dans leur relations avec leurs bovins. Une immersion sensible parmi ceux qui vivent au quotidien avec les bêtes.
Dans le Tassili, les gravures rupestres nous rappellent l’origine de la domestication et du lien archaïque tissé avec les animaux. Au Mali, la fin de la transhumance lors de la traversée du fleuve Niger est une épreuve partagée entre les éleveurs peuls et leurs troupeaux. En France, dans la brume des monts de l’Aubrac, les vaches portent encore un nom et, dans les hauteurs des Alpes, il y en a aussi qui redeviennent sauvages. Avec des spécialistes de la génétique qui améliorent la race bovine, nous sommes saisis par des reproducteurs frôlant la paire de tonne. En Inde, l’attachement sacré aux vaches les préserve jusqu’à la fin de leurs vies dans des lieux appelés Gaushala. Aux Etats-Unis, la célèbre autiste Temple Grandin nous fait partager la subjectivité de l’animal. En Suisse dans les alpages, le robot de traite intégral nous fait entrevoir une nouvelle possibilité de collaboration avec l’animal tandis que les pâturages gigantesques d’Amazonie et les cadences productivistes du Colorado conduisent à la déforestation et à la mort industrielle.
La question sur le sens de l’élevage est cruciale. Elle trouve sa place dans cette crise existentielle et économique qui résulte du bouleversement mondial que l’on appelle, d’un mot plein de mystères, globalisation.
Festivals:
Images en bibliothèques – Paris (France) – Film soutenu par la Commission nationale de sélection des médiathèques
Hong Kong International Film Festival Society – Hong Kong (Chine) – Mention spéciale du Jury – Compétition documentaire
International Film Festival Rotterdam (IFFR) – Rotterdam (Pays-Bas) – Sélection officielle
Festival des Films du Monde – Montréal (Canada) – Sélection officielle
Traces de Vies – Clermont-Ferrand (France) – Sélection catégorie « film professionnel »