Singapour, le 17 mars 1995 Flor Contemplacion, une domestique immigrée philippine, est envoyée à la potence pour un double meurtre. Elle est pendu à l’aube à la tristement célèbre prison de Changi, malgré un appel de dernière minute pour la clémence envoyé trop tard et avec peu de conviction par le président philippin Fidel Ramos.
L’exécution de Flor a provoqué un tollé aux Philippines. Et quand son corps a été renvoyé dans son pays, des milliers sont venus la saluer. Flor est devenue le symbole de l’exploitation et de l’abus des travailleuses domestiques à l’étranger, les esclaves modernes.
La Servitude des héros révèle un commerce international de main-d’oeuvre, une industrie multi-milliardaire qui contribue à l’exode des travailleurs et travailleuses des pays pauvres, en fonction des demandes du marché. Les Philippines sont un des principaux pays d’origine de ce traffic, et son gouvernement a développé un engrenage bien huilé pour exporter sa ressource principale.
Le manque d’emplois et de développement dans les pays comme les Philippines est à la source de cette migration massive de main-d’œuvre, surtout féminine, en quête de travail en Occident. Le gouvernement les encourage, en les appelant les héros de l’économie; leurs salaires, renvoyés en grande partie aux familles restées derrière elles représentent des milliards de dollars, le principale source de devises étrangères au pays. Mais à quel prix? Toutes les sacrifices, l’exploitation et les abus soufferts aux mains d’employeurs sans scrupules et d’agences de placement ne changent rien aux conditions qui poussent ces femmes à s’expatrier. Leurs filles, leurs soeurs, les suivent, d’une génération à l’autre.
Toutefois, on voit que les migrants, les esclaves modernes, s’organisent pour faire changer les choses. Migrante International a été créée en décembre 1996, un an après la mort de Flor Contemplacion.
Depuis lors, les migrantes philippines ont une voix qui se fait echo à travers la planète, et elles résistent collectivement à la poursuite de la migration forcée et à l’exportation de la main d’oeuvre du gouvernement.
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