La nouvelle est tombée hier en après-midi: le film Callshop Istanbul a remporté ce mercredi 31 mai 2017 le prix Cinéma de Communications et Société. Ce prix, qui fêtait cette année ses 60 ans d’existence, récompense des oeuvres dont les valeurs humaines et spirituelles gagnent à être reconnues. Présents lors de la cérémonie qui avait lieu au Grand Séminaire de Montréal, les réalisateurs Hind Benchekroun et Sami Mermer, émus, ont pronnoncé un discours juste, touchant et actuel sur la situation des migrants dans le monde, nous rappelant au passage le caractère intemporel et nécéssaire de ce film poignant:
« Nous sommes très émus et très honorés par cette reconnaissance. Merci à Communication et Société. Merci au jury du prix cinéma d’avoir saisi l’humanité et l’universalité de notre film », a déclaré la réalisatrice.
« Un grand merci aux institutions qui nous ont soutenu et qui nous ont permis de réaliser ce projet. Tout d’abord, le Conseil des arts du Canada, le Conseil des arts et des lettres du Québec, la SCAM (la société civile des auteurs multi-média) ainsi que l’ACIC (l’aide au cinéma indépendant de l’office national du film du Canada) avec principalement Johanne Bergeron et Marie-Christine Guité.
Le montage de ce documentaire fût toute une longue aventure. Plus de 100 heures de rushs et presque douze mois de montage. Un grand merci à Louis Bastin, René Roberge, Michel Giroux et Annie Jean pour leurs précieux conseils en montage image, ainsi qu’à Martin Allard, pour son beau travail en montage sonore.
Nous remercions également notre amie Lucie Pageau, conseillère à la production ainsi que l’équipe engagée de Diffusion Multi-monde, Marie Boti et Alexis Guerchovitch, nos distributeurs, sans oublier Caroline Rompré, pour son remarquable travail de relations de presse.
Et pour finir, nous remercions de tout coeur tous ceux sans qui nous n’aurions pas pu faire ce film. Les personnages de ce documentaire qui nous ont fait confiance et qui ont bien voulu partager avec nous une partie de leurs vies, le temps d’un appel, ou de plusieurs semaines et parfois même de plusieurs mois. Ils nous ont fait vivre des moments chargés d’émotion. La situation des personnages de notre film, celle de Ibrahim, le Sénégalais, de Fadil, l’Irakien, d’Ousmane, le Béninois, ou de Abdelkrim, le Syrien reflète malheureusement la détresse de milliers d’autres personnes comme eux en quête d’une vie meilleure, et qui n’ont parfois plus que la foi et leurs rêves pour les tenir en vie.
Ce prix permet de souligner la pertinence et l’urgence du sujet de notre film, la crise migratoire, qui est plus que jamais actuelle, malheureusement. Il n’y a pas plus tard que cette semaine, une autre barque s’est échouée dans la mer Méditerranée, devenue un véritable cimetière marin. Elle a emporté cette fois-ci une cinquantaine de personnes dont plusieurs enfants. Des humains qui fuyaient le chaos et la guerre dans leur pays. Des humains qui ne cherchent qu’à survivre, en risquant leurs vies, en pensant qu’ils n’ont plus rien à perdre…
Quand on a commencé ce film en 2013, le drame des migrants était encore peu médiatisé. Depuis la noyade du jeune Aylan Kurdi et du naufrage de Lampedusa, les médias parlent un peu plus de cette crise, mais c’est souvent en termes de statistiques. En plantant notre caméra dans l’espace des Callshops d’Istanbul, nous espérions donner à cette crise un visage humain, une parole, des voix. Nous espérions faire ressortir l’essentiel de ce qui nous relie tous en tant qu’être humains, malgré nos différences.
4 ans plus tard, la situation en 2017 est toujours dramatique. Les solutions tardent à venir: les guerres et le chaos qui provoquent cette crise migratoire ne cessent d’être alimentées, et la présence de ces migrants à leur tour provoque des ressacs, même sur la terre ferme.
L’exode et l’exil forcé se poursuivent dans différents coins de la planète, et aussi plus proche de nous ici, au Québec, où cet hiver des réfugiés ont du marcher de nombreux kilomètres à pied, pour traverser la frontière américaine et demander asile au Québec, affrontant le froid et l’hiver, souvent avec des poussettes à la main.
Pour ces migrants, qui arrivent ou qui arriveront, on aimerait leur chanter ces quelques vers du poète, fils de marin et fils du Québec, Gilles Vigneault:
« De mon grand pays solitaire
Je crie avant que de me taire
À tous les hommes de la terre
Ma maison c’est votre maison
Entre mes quatre murs de glace
Je mets mon temps et mon espace
À préparer le feu, la place
Pour les humains de l’horizon
Et les humains sont de ma race »
Nous dédions ce prix à tous les réfugiés et les exilés du monde ».
Hind Benchekroun et Sami Mermer
Crédit photo: Lou-Kévin Roquais
Ont également été récompensés lors de cette cérémonie « L’Odyssée des illusions », de Jean Lemire, qui a reçu le prix « Essai », et le prix du livre à thématique spirituelle a été décerné à « Entre ciel et mère » de Valérie Roberge-Dion.
Encore toutes nos félicitations aux réalisateurs, et tous nos encouragements pour leurs projets à venir et félicitations pour ce prix bien mérité!
Crédit photo: Lou-Kévin Roquais